Fragments d'hébétude

Musik Maestro

C'est vrai je pue.Je sais .Les gens qui me croisent l'air de rien ne peuvent s"empêcher de contracter
les narines en détournant le regard.Normal,ça fait bientôt un an que j'ai arrêté de me laver les pieds.
C'est long un an pour des pieds qui transpirent tous les jours que Dieu fait.Trois cent soixante cinq.
Comme je ne me lavais plus les pieds j'ai pensé qu'il était complétement dérisoire de changer de chaussettes ou de mi-bas.Résultat je les conserve jusqu'à usure complète et ensuite je les jette.Moins de lessives moins de lavages plus d'économies et moins d'amies.L'équation idéale pour l'asociale que j'ai toujours été et que je continue de cultiver.Pour quelles raisons..., je ne sais pas.C'est dans ma tête c'est comme ça.Faudrait m'extirper une carotte de cervelle pour espèrer trouver le truc en plus ...ou en moins.C'est selon...
Ca fait parfois peur mais c'est aussi très agréable de se sentir unique dans sa solitude.Egocentrée Exodélaissée.La première fois c'était par paresse.J'avais une flemme carabinée.Me suis pas lavée.Rien.Nada.Pas le moindre morceau de peau.Comme on dit y a que le premier pas qui coûte ,après ça vient tout seul.Rodage pendant une semaine ou deux et puis roule ma poule on est sur les rails y a plus qu'à suivre la ligne de conduite qu'on s'est fixée.
D'abord on a honte, parce qu'on se sent encore et qu'on sait qu'on pue.Et puis ça passe.On finit par intégrer ce nouveau moi que l'on est devenue.On se supporte et on s'étonne même de l'attitude des autres qui vous toisent et passent à l'écart.Et c'est bien ça d'ailleurs, on est écartelée entre soi et les autres.Trop peu sûre de soi pour se fondre dans les autres de peur de s'y diluer et pas assez forte pour vivre sans les autres dans une solitude ....solitaire. Un grand vide. Un néant sans aspérités. On glisse dans un froid métallique où nulle main amie ne vient t'agripper pour  ralentir ta chute. Et voilà ...
Le jour où je me laverai de nouveau les pieds je serai en paix avec les autres et avec moi-même.En attendant ce grand jour je me contente d'aligner des mots vides de sens dans un univers parallèle qui est probablement pire que la réalité car il n'est qu'un miroir aux alouettes qui me donne la sensation illusoire de (re)devenir un être humain en m'additionnant à des gens qui comme moi ne le sont plus ou ne l'ont jamais été...