Fragments d'hébétude

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Chapitre un


Parfois on se sent tellement seule dans la vie qu'on voudrait pouvoir crier comme
dans les films catastrophes, des phrases bateaux du style:
"Y-a-t'il un médecin dans la salle" ou encore "y-a-t'il un pilote dans l'avion".
Sauf que nous on crierait "y-a-t'il une lesbienne dans la salle ou bien dans l'avion."
ou quelque part ailleurs.
Alors on passe une partie de son temps à chercher sa moitié.Le gaydar en action ,
antennes vibrantes, narines palpitantes on suit le sillon parfumé d'un numéro cinq
de Chanel et on finit par le voir enlacer le corps d'un vieux bourgeois plein aux as
accoudé à sa Merco.A vomir à gerber à dégueuler.On se rabat alors sur une petite étudiante
à la coupe bien carrée et aux épaules de déménageur.Manque de bol mademoiselle fait partie
de l'équipe des nageuses de la fac de sport.Et elle te regarde comme si tu l'avais violé en
lui demandant l'heure.Parce qu'y faut toujours savoir l'heure qu'il est quand on drague la
moukère sur le pavé.T'as pas une clope ça fait out, du genre qui s'esquinte les poumons pour
enrichir les caisses de l'état et salir les trottoirs tout propre avec ses mégots tout pourris.
Si en plus tu tournes au Drum ou au Samson ou autre : no way.Laisses béton.T'es naze.Bin moi
j'étais trop naze quand j'étais jeunette.J'avais les doigts jaunes et pas les moyens de tourner
à la Marlborough.Par contre j'avais plein de mecs qui me reluquaient le cul ou les nichons et
qui voulaient m'emmener faire des balades dans la nature.Bin ouais la nature c'est sain.On y
respire le bon air et on y fait des galipettes avec des jeunes pas trop expérimentés.
Cool...Mais bon ça lasse...
Alors on se remet en chasse.On fréquente des endroits branchés ,le bal du samedi soir de
Tagazou sur Yvette ou encore la boîte à la mode à dix bornes du bled , perdue au milieu des
pins parasols et des tamaris,sur un chemin cahotant où tu roules à dix à l'heure seule
dans l'obscurité que l'unique phare carré de ton scooter arrive pas à percer.T'as la trouille ,
tu crois toujours qu'tu t'es paumée.
Et puis tu finis par arriver.Et puis tu finis par repartir.Tu t'es faites peloter par quinze
types avec qui t'as dansé.Y en a même un qui t'as embrassé dans le cou.Bin ouais.Mais bon tu
vas pas plus loin hein ? Tu passes pour la bêcheuse du coin qu'a peur d'se faire baisser sa
culotte.Alors ciao.
Et puis le temps passe ,tu finis par trouver quelqu'un, tu l'aimes et t'emménages avec.
Et le temps passe encore...
Parfois tu te sens tellement seule dans la vie que tu t'demandes pourquoi t'es avec quelqu'un
avec qui là seule chose que tu partages désormais c'est le montant du loyer.Et c'est à ce moment
là que tu voudrais revenir au début du chapitre un...mais bon... ça c'est une autre histoire.

End